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Deuxième dimanche de Pâques

La solennité de ce dimanche clôt toute cette semaine lumineuse, durant toute laquelle nous célébrons comme durant un seul jour la fête de Pâques, la glorieuse résurrection du Christ. Toute cette semaine lumineuse est pour ainsi dire une semaine de huit dimanches, car nous célébrons chaque jour de celle-ci la résurrection. Nous sommes aujourd’hui arrivés au huitième jour de Pâques, mais dont l’événement décrit dans l’évangile d’aujourd’hui est relié à l’événement du premier jour, décrit dans l’évangile que nous avons lu aux vêpres, le soir de Pâques.

En effet, le soir du premier jour, alors que tous les apôtres avaient été les témoins de la première apparition du Christ ressuscité, Thomas qui avait été absent avait dit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’y mets pas mon doigt et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas » (Jn 20, 25).

Thomas voulait arriver à la foi par le sens le plus matériel, le plus expérimental

Thomas voulait ainsi arriver à la foi par le sens le plus matériel, le plus expérimental, c’est-à-dire par le toucher. Même le témoignage de ses yeux ne lui suffisait pas. Il ne se contentait pas de dire : « Si je ne vois », mais il ajoute : « Si je ne mets mon doigt » Thomas réclamait une preuve visible et palpable pour croire en la Résurrection du Christ.

Certes, l’apparition du Christ ressuscité confirme Son incarnation, qu’Il est vraiment devenu homme, avec un corps humain, et qu’Il a habité parmi les hommes, et que Sa résurrection a bien eu lieu « en chair et en os », et non seulement sous une forme éthérée ou spirituelle.

Pour cette raison, huit jours après, le Christ voulant guérir l’incrédulité de Thomas, apparaît de nouveau en sa présence et lui dit alors : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains. Avance aussi ta main et mets-la dans mon côté. Ne sois pas incrédule, mais crois ! » (Jn 20, 27). C’est alors que, comme le chante l’hymnographie de notre Église, « d’une main curieuse, l’apôtre Thomas explora ton côté vivifiant, ô Christ notre Dieu ». Et après cette expérience, Thomas s’écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28), confessant ainsi le Christ comme vrai homme et vrai Dieu.

La foi en la Résurrection du Christ n’est pas quelque chose de palpable

Le Seigneur lui fit alors la remarque suivante : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! » (Jn 28, 28). L’hymnographie de ce dimanche nous dit que le Seigneur a permis l’incrédulité de l’apôtre Thomas « pour affermir ainsi vers la foi le chemin des incroyants ». Mais la foi en la Résurrection du Christ n’est pas quelque chose de palpable. La foi est, selon l’Épître aux Hébreux, « une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hb 11, 1).

L’hymnographie nous dit que « Thomas reçut la grâce de toucher le Christ et de lui crier : Tu es en vérité mon Seigneur et mon Dieu » ! Mais la foi véritable, celle qui est cette assurance des choses qu’on espère et qu’on ne voit pas, est aussi un don de Dieu, une grâce. Nous tous qui avons été baptisés en Christ et qui, par notre baptême avons revêtu le Christ, l’avons été par la foi en Jésus-Christ, sans avoir été des témoins oculaires de Sa résurrection. Néanmoins, par la foi qui nous a mené au baptême, nous sommes devenus par le mystère du baptême témoins de Sa mort et de Sa résurrection, car selon saint Paul, tous ceux qui ont été baptisés en Christ, l’ont été dans sa mort et sa résurrection : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (Rm 6, 3-4).

La foi qui est don de Dieu nous conduit vers le baptême qui nous mène au salut

Le baptême est donc un événement crucial dans notre vie et fondamental pour notre salut. Ce moment présuppose la foi. C’est la foi, don de Dieu, qui nous conduit vers les fonts baptismaux. C’est pourquoi dans l’Église ancienne le baptême était précédé par une période d’enseignement, le catéchuménat, durant laquelle, les catéchumènes, c’est-à-dire ceux qui se préparaient au baptême, recevaient une formation sur l’histoire du salut et les principaux fondements de la foi chrétienne. Ils apprenaient alors le texte du Symbole de foi, qu’il devait réciter par cœur devant l’évêque un jour avant leur baptême, comme une sorte d’examen avant de recevoir le sacrement du baptême. C’est pourquoi d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui, celui qui reçoit le baptême doit réciter le Symbole de foi. Dans le cas d’un enfant, c’est le parrain qui récite le Symbole de foi pour lui, signifiant par là qu’il s’engage à éduquer l’enfant dans la foi chrétienne.

Le baptême est un événement qui ouvre nos yeux spirituels et nous rend ainsi sensibles à des réalités que nous ne voyons pas, mais qui sont néanmoins des réalités réelles. Saint Cyrille de Jérusalem s’exclame au sujet de cette réalité dont nous faisons l’expérience au baptême : « Chose étrange et incroyable ! Nous n’avons pas été véritablement morts ni véritablement ensevelis, et nous avons ressuscité sans être véritablement crucifiés. Mais si la représentation ne réalise qu’une image, le salut, lui, est véritable. Le Christ a été réellement crucifié, réellement enseveli, et il a ressuscité véritablement. Et tout ceci nous est accordé par grâce. Unis par la représentation de ses souffrances, c’est en toute vérité que nous gagnons le salut » (Catéchèses mystagogiques).

Le saint apôtre Thomas, dont l’Église célèbre aujourd’hui la mémoire a été conduit par la grâce de l’incrédulité à la foi par une expérience palpable. Il a ensuite témoigné de sa foi non seulement par sa prédication mais aussi par son témoignage, par sa mort de martyr. Puissions-nous, nous aussi qui avons reçu la grâce de la foi et du baptême, être par notre vie de véritables témoins du Christ ressuscité, et d’hériter en abondance de cette vie nouvelle dont Il nous a fait don dans le jour sans déclin de Son Royaume, où lui revient gloire, honneur et adoration dans les siècles des siècles. Amen.

Archevêque Job de Telmessos

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